martes, 5 de mayo de 2009

On rentrera dans une université toute propre...


Ben voilà, la photo de la Jornada est intéressante: jeudi les cours recommenceront dans une université toute propre. Ca devait faire des années qu'on ne nettoyait pas comme ca les couloirs de la Fac de Philo-Lettres!!! Oui, mais maintenant que le grain est passé viennent les questions. Si la menace était si grande, est-ce que 10 jours c'est assez pour ne plus s'exposer? Puis les journalistes ont fait leur boulot, ils ont réussi à passer outre le silence des autorités pour interviewer les familles des personnes décédées des complications dues au AN1H1 et vraiment les résultats mettent le doigt sur un véritable problème de santé publique à deux vitesses, sur le double discours du gouvernement et sur le fait que malgré l'augmentation du budget assigné au "Seguro popular" destiné aux Mexicains qui n'ont pas droit à la sécurité sociale des travailleurs (50% de la population totale!!) la pauvreté est synonyme d'une attention déficiente et d'un recul in extremis du recours à la médecine. Brrr!!!

lunes, 4 de mayo de 2009

Retour à l'école le 7 mai


Youpie, nous avons enfin la date de reprise des cours. Ce sera donc jeudi prochain, mais j'aurai quand même perdu mes cours de lundi et mardi :( Cependant, il semble que l'alerte se tasse. Officiellement, les restaurants réouvriront mercredi prochain, quoique en sortant de notre bunker pour aller chercher une boisson gazeuse j'ai vu beaucoup plus de monde dans la rue et... sans masque!!! Ben voilà, deux jours pour boucler plein de trucs, puis retour à la vie normale... Enfin, peut-il y avoir une vie normale après un virus?
4 mai, déjà 10 jours d'alerte sanitaire. Evidemment, les Mexicains commencent à envahir les rues, fatigués de la vie entre quatre murs. Difficile pour le gouvernement de soutenir l'état de siège, d'autant plus que le tribunal électoral a donné le feu vert de la campagne électorale depuis hier dimanche (les élections auront lieu le 5 juillet; élections qui ont pour but de renouveler la chambre des députés et les gouvernements municipaux). Question de cohérence, il faudra donc réouvrir les restaurants, les cinémas, les théâtres etc. le 6 mai. Oui, mais les règles sont les suivantes: la densité de population ne peut dépasser 4 personnes par 10 m2. Au resto, c'est quelque chose qu'il faudra absolument essayer: fini les restaurants bondés où l'on participe sans le vouloir aux conversations des voisins. Et au cinéma, le Ministère de la santé recommande une distance de... deux sièges entre les spectateurs; pas gai pour les bisous, ca!!! Pour les cours, on attend la conférence de 11 heures, mais tout semble indiquer que la quarantaine durera jusqu'au 11 mai... Wait and see!!

viernes, 1 de mayo de 2009

Les mathématiques du ministre de la santé


Une page bien informée qui termine par gob.mx (et est donc officielle) offrait hier un tableau réellement intéressant. À gauche, les cas confirmé de contagion par virus de la grippe humaine (on ne peut plus l'appeler "porcine", ca occasione beaucoup de dommages aux éleveurs de porcs; à éviter aussi l'appellation "grippe mexicaine", ce n'est pas du tout politiquement correct), avec le détail par états de la fédération mexicaine; à droite, les morts, même détail par états. Dans la colonne de droite, la somme ne posait pas de problème, il n'y en avait que 12; celle de gauche offrait un total de 260, mais la somme des cas par états ne donnait que 100. Aïe, apparemment les mathématiques ne sont pas le fort du gouvernement mexicain (on le voit aussi lors des résultats des déclarations fiscales). Si vous entrez aujourd'hui sur le site http://www.prevencioninfluenza.gob.mx/mitos-sobre-la-influenza/, vous verrez à gauche un tableau qui ne présente plus qu'une seule colonne, avec les chiffres des cas confirmés par état et en dessous le total des décès, c'est sans doute plus facile comme cela. On imaginerait bien le ministre de la santé arriver dans une classe et dire aux étudiants: Prenez vos cahiers et écrivez: "Un virus d'origine pas catholique arrive dans un pays et touche une quinzaine de personnes qui habitent dans une ville d'un million d'habitants. Parmi ces douze personnes, trois sont effectivement originaires de la ville, sept étaient en visite chez des membres de leurs familles et dix ont commencer à tousser à cause de la préparation des tamales pour la fête de Saint Judas, tamales pour lesquels il faut griller les piments. Après un bref séjour à l'hôpital où ils ont recu une aspirine, un masque de chirurgien et une petite tape sur la joue, chacun de ces patients rentre chez lui, mais leur chez lui n'est pas le même partout; sauf deux, qui restent à l'hôpital et meurent. On prélève des morceaux de leur poumons pour les faire analyser au Canada (le laboratoire acheté en urgence une fois découverts les premiers cas de toux n'est pas encore arrivé) et on donne le reste aux chats. Ceux qui rentrent dans leur chez-eux qui n'est pas la grande ville préparent une grande fête pour les quinze ans de leur nièce. Ceux qui restent dans la grande ville ne peuvent même pas fêter leur retour car les restos sont fermés, ainsi que les cinémas et les bars; et ils ne peuvent pas non plus aller chercher dans une bibliothèque publique le tome de l'Encyclopédie où se trouve la description de la maladie car toutes les bibliothèques et écoles sont fermées jusqu'à nouvel ordre, alors ils dépriment et rechutent et retournent à l'hôpital. Alors, ma question est quelle est la couleur de la monture des lunettes du président Calderón?" Vraisemblable, non?

Un jeudi normal


Mmm... Après une semaine de vie de clôture, le bilan es plutôt mitigé. Hier, nous avons osé aller à l'encontre du mot d'ordre de Calderón, le président, qui avait recommandé de réduire les contacts à ce qui est strictement nécessaire. Bref, le noyau familial, quoi. Eh bien nous avons décidé de fêter quand même l'anniversaire de Prax, et il est venu avec Alejandra, et aussi Paty, qui en avait assez de l'enfermement dans le monde des "pas bien" dû à l'hospitalisation de sa maman pour une hernie discale. Ben c'était chouette, tiens, un repas normal où l'épidémie n'a pas été le seul sujet de conversation, ben tiens, la terre continue quand même de tourner, non? Bouillon de poule (pour augmenter les défenses) plein de légumes, poulet aux herbes, riz sauvage, salade de "nopales", et comme dessert un carrot cake maison fait comme il faut, avec sa couverture de fromage crémeux au miel. Puis Paty est repartie dans le monde hospitalier et nous, nous avons continué la "normalité" d'un après-midi entre amis, nous sommes allés nous promener du côté de Tlalpan où il n'y a jamais foule, puis sommes rentrés jouer (vingt-cinq variantes du memorama, dont une style "valet noir" qui était vraiment impressionnante!!)... et ce jusque minuit. Mais ca nous a vraiment fait un bien fou, histoire de nous refaire le moral pour supporter les nouvelles. Apparemment, la suspension des cours serait prolongée jusqu'au 11 mai. Oups. Est-ce que nous arriverons à boucler le semestre??? Bonne question! En attendant, pas de restaurants, pas de cinémas, pas de cafés, rien du tout. Les services publics et les travailleurs du privé en standby jusqu'au 6 (on appelle ca le "méga-pont" du premier mai). Et les bruits qui courent: le virus (rebaptisé par ailleurs "influenza humaine", histoire de ne pas faire perdre des consommateurs à l'industrie porcine) serait le fruit d'un essai négocié par Obama lors de sa dernière visite histoire de noyer le problème de la crise et de pouvoir dégager les millions nécessaires sans faire sourciller le contribuable. Ben voilà. Faire paniquer 120 millions de personnes, et même ma soeur, stigmatisée à son bureau pasqu'elle tousse et que sa soeur a eu la mauvaise idée de lui rendre visite un peu avant que se déclare l'épidémie, pour cela, ce serait quand même une manoeuvre assez cochonne, non????

miércoles, 29 de abril de 2009

Les moustaches du Ministre de la Santé et les gouvernements de droite

Après le souper parfait, une vraie salade qui a dépassé de loin celle du Vips et la compagnie d'Elizabeth, la soeur de Carlos, que les responsables de son boulot avait laissé sortir plus tôt (et qui craint encore un peu de rentrer seule à l'appartement...), nous avons vu le dernier bulletin à la télé. Le ministre de la santé, José Ángel Córdoba Villalobos, visiblement exaspéré par les questions des journalistes, avec son air de policier judiciaire kidnappeur sous sa grande moustache et les cernes que donnent les nuits blanches obligatoires quand on a le rôle principal. Je ne sais pas pourquoi, il m'énerve. Manque de capacité d'argumentation, sans doute, mauvaise maîtrise de la rhétorique. Après, Carlos a allumé la radio. Motif: écouter le programme de Perelló, le rendez-vous des noctambules du mardi soir (le programme passe de 23 à 2 heures du jour suivant). Personne ne peut nier la tendance gauchiste de Perelló, son haleine pas toujours 100% safe contre les alcotest et son côté Diogène de Sinope, oui, celui qui à midi sur la grand-place d'Athènes cherchait avec sa lanterne "un homme". Mais le caractère interactif de son programme est précieux et en fait un excellent thermomètre d'opinion. Certes, une épidémie --presque pandémie-- impose certaines mesures. Mais de là à créer un état de panique, qui colle les gens aux téléviseurs? Il ne faut pas oublier qu'au Mexique les deux seules chaînes nationales de télévision accessibles pour tous sont privées, on parle d'ailleurs du "duopole" (Televisa et TV Azteca, c'est chou vert et vert chou). Maintenant que même les restaurants sont fermés, les seuls endroits où les promenades sont permises ce sont les supermarchés, qui tous les soirs semblent avoir été victimes du passage d'Attila et de ses troupes de Huns. Toutes les crises ont leur importance, car elles offrent un portrait de la société qui les pâtissent. Le peuple mexicain s'est montré, curieusement, extrêmement respectueux des consignes et c'est bien souvent la contrepartie gouvernementale qui n'a pas répondu de facon satisfaisante aux consignes de l'Etat (refus de soigner les personnes qui n'ont pas droit aux différents systèmes de sécurité sociale, etc.). Mais surtout, il y a derrière tout cela un problème important qui remet en cause toute la société moderne. Si l'hypothèse reprise par quelques médias est vraie, l'origine de la mutation se trouverait du côté de Perote, où les fermes Caroll, société d'origine américaine avec participation de capital mexicain, élèvent 800 mille porcs par an; les habitants ont depuis quelques temps de sérieux problèmes de santé, mais leurs plaintes auprès des autorités correspondantes n'ont pas trouvé d'écho... Jusqu'à ce que l'alerte nationale soit déclarée, avec à la clé la suppression de la possibilité de réunion (sauf pour aller à la messe, type de réunion pour laquelle, selon les autorités, le port d'un masque suffirait). Théorie du complot ou besoin de revoir sérieusement les paramètres de construction des sociétés modernes? Difficile à dire, mais cette crise, comme toutes les crises, présente un grand avantage: elle nous oblige à penser. (Et elle nous donne du temps pour lire).

martes, 28 de abril de 2009

Mardi 28 avril... Nous célébrerons malgré tout

Mardi, 15 heures. Ce soir, pour fêter nos deux ans et neuf mois, nous avions envie d'aller manger une bonne salade de poitrine de poulet marinée sauce à l'aneth au Vips. C'est un plat que nous aimons beaucoup, car il nous permet de réaffirmer notre parfaite complémentarité: Carlos aime le pain à l'ail, que je lui cède avec beaucoup de plaisir, et il a souvent trop de laitue, que j'engloutis tel un lapin. Eh bien voilà. Fini, les salades du Vips. Après les écoles et les universités (depuis le vendredi 24), les musées, théâtres, discothèques, bibliothèques et parcs d'attraction (depuis le dimanche 26), à partir d'aujourd'hui les restaurants ne peuvent plus vendre que de la nourriture à emporter. Pas de bol. Nous voici donc confinés, tel le protagoniste de l'Ecume des jours de Vian, dans un espace qui se réduit à vue d'oeil. Quoique nous n'avons pas à nous plaindre. Nous avons l'habitude de travailler à notre rythme dans notre bureau à la maison, et on pourrait donc penser que ces dix jours sont, en fait, un peu comme des vacances forcées, la libération de certaines obligations et, au contraire, le don de la possibilité de rester bosser à domicile. Oui, mais l'idée de devoir mettre un masque de chirurgien pour sortir histoire de ne pas rencontrer au coin de la rue un virus en embuscade, ca c'est moins drôle. Enfin... Notre espièglerie d'aujourd'hui: nous ne renoncons pas à la salade du Vips, nous la préparerons à la maison. La balade d'aujourd'hui a eu pour but d'en trouver les ingrédients, et ce soir nous mettrons notre plus beau tablier (de chef, pas de serveuse du Vips) pour nous préparer un festin en amoureux. C'est dire, il y aura même des bougies!